Haren à travers les siècles (V)
Cinquième volet de l'histoire de Haren telle que rapportée en 1855 par Alphonse Wauters:
"La haute, moyenne et basse justice de Haeren, avait été rachetée par le domaine, du temps des archiducs Albert et Isabelle. Elle fut, de nouveau, donnée en engagère, le 3 août 1626, au capitaine Pierre Madoets, échevin de Bruxelles, moyennant une somme de 2100 florins, à laquelle Madoets ajouta 700 florins, le 14 avril 1638. Philippe-Godefroid Vandewouwere devint définitivement possesseur de cette juridiction, en augmentant l'engagère de 2800 florins (lettres patentes du 14 mai 1644, r. du 24 octobre 1644). Les filles de Vandewouwere et de Marie-Anne Masteleyn: Angéline et Régine, lui succédèrent (r. du 1er mars 1692); la dernière épousa successivement Jacques Ducx, chef-maïeur de Cappelle-au-Bois, et Charles-Frédéric Marischal de Biebersteyn. Elles vendirent Haeren à Guillaume Van Langendonck, seigneur de Beersele (r. du 2 octobre 1699), père de Guillaume (r. du 2 septembre 1722), et de Marie-Anne, baronne d'Heembeek, qui, tant pour elle que pour son frère, devenu imbécile, céda Haeren à Jean-Nicolas Servandoni d'Hannetaire et à sa femme Marguerite Huet (r. du 10 mars 1759).
D'Hannetaire devait sa renommée et ses richesses à une profession pour laquelle on affichait, de son temps, un profond mépris. Peu d'artistes meilleurs que lui ont brillé sur la scène de Bruxelles, ou !il mourut en 1780, sans avoir quitté le théâtre. Il était né à Grenoble en 1718. Ses parents lui firent donner une excellente éducation et le destinaient à l'état écclésiastique; mais, ne se sentant pas la vocation nécessaire, il adopta la profession de comédien et y brilla constamment au premier rang. Possesseur, dit-on, de 80000 livres de rente, il tenait une maison charmante qu'embellissaient encore ses trois filles, connues à Bruxelles sous le nom des "Trois Grâces". Le prince de Ligne, qui aimait les arts, et qui aimait encore plus une des trois beautés, Angélique d'Hannetaire, venait souvent se délasser chez lui du cérémonial auquel l'obligeait le rang distingué qu'il occupait à la cour de Bruxelles. D'autres seigneurs suivaient son exemple, et la maison du célèbre acteur, rendez-vous obligé de tous les hommes d'esprit et de plaisir, formait une espèce d'athénée; un des passe-temps auxquels on s'y livrait, était de jouer des comédies improvisées, dont on ne donnait le sujet qu'au moment même de la réunion. D'Hannetaire embellit considérablement le château de Haeren, avec l'aide de son oncle, le chevalier Servandoni, qui excellait dans l'architecture et dans les tableaux de ruines et de perspectives. Le 28 décembre 1770, il vendit Haeren à Jean-Antoine, comte Vandernoot, chambellan de l'impératrice Marie-Thérèse, et à sa femme, Marie-Josèphe Taye, marquise de Wemmel (r. du 14 janvier 1771).
à suivre...