Alors qu'un peu partout est célébré en ce 11 novembre le 95ème anniversaire de l'armistice de 1918, il y a bien longtemps qu'une telle cérémonie ne s'est pas tenue à Haren. Tout au plus, voit-on parfois une gerbe au pied du monument dans le cimetière.
Et pourtant, Haren, comme d'autres communes a payé son tribut aux deux conflits comme en témoignent les deux stèles apposées sur la façade de l'ancienne maison communale (l'actuel commissariat).
Mais Haren fut aussi l'objet de nombreux bombardements, en cause, les infrastructures présentes sur son territoire qui en faisait une cible privilégiée.
Tout d'abord le noeud ferroviaire et la gare de formation, tout deux très importants pour la logistique de l'occupant. Une personne, qui habitait alors rue du Bruel m'a raconté que ses parents et elle avait déménagé à Laeken pour se mettre l'abri. Les employés des chemins de fer disposait d'un tunnel qui partait de la cabine d'aiguillage (au Keelbeek, récemment démolie par Infrabel) pour rejoindre l'actuel îlot Kasteelhof en sécurité en cas de bombardements (le tunnel existe peut-être encore et pourra être utilisé par les futurs prisonniers?!).
En 1915, les allemands choisissent une plaine de Haren pour installer une base de dirigeables qui devaient aller bombarder Paris. Les anglais détruisent bien vite les hangars mais l'aérodrome de Haren était né, et constituait ainsi une autre cible potentielle. Si pendant la seconde guerre mondiale les allemands installèrent un autre aérodrome à Melsbroek, Haren continua à être utilisé jusqu'en 1949.
Des "souvenirs" des bombardements, on en trouve encore de nos jours: un ancien m'a raconté que lorsqu'il y a quelques années, la rue du Pré aux Oies a été rehaussée, une bombe non explosée avait été découverte au fond d'un puit près du sentier du Soir. Celle-ci, peu accessible y reposerait toujours... Plus récemment, le chantier du nouveaux siège de l'OTAN a été retardé à plusieurs reprises, des bombes ayant été découvertes lors des travaux de terrassement.
Plus anecdotique: les anciens appelaient le parc Arthur Maes "Hitlerse Bosje" (le petit bois d'Hitler). Il existe deux explications plausibles pour cette dénomination: la première est que ce parc, alors propriété privée, appartenait une famille de collaborateurs. La seconde, est que les soldats allemands casernés dans l'aérodrome voisin, y trouvaient refuge lors des bombardements.
Notre vénérable église fut aussi victime de l'occupant: en 1943, ayant un grand besoin de métal, les allemands ont décidé de s'emparer des cloches. La tâche fut confiée à un milicien de Machelen. Mais la veille, des villageois ont subtilisé son matériel. Cela n'eut pour effet que de retarder ce vol de quelques jours. Les cloches furent descendues et fondues pour en faire des canons. Après la guerre, elles ont été remplacées et elles rythment encore la vie de notre village.
En temps de guerre, les ressources alimentaires constituent une véritable richesse. Haren, à l'époque essentiellement agricole, n'avait pas à se plaindre. Mais les cultivateurs devaient se montrer très malins pour éviter de voir leurs récoltes pillées par l'occupant. D'un autre coté, il se murmure que certains se sont enrichis avec le marché noir...