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Rencontre

  • Haren perd une mémoire

     

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    Un vieux qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.

    Ce proverbe africain pourrait s'appliquer à Jokke DIRIX. Il nous a quitté dimanche à l'âge de 86 ans. C'était une véritable mémoire de notre village auquel il vouait une indéfectible passion.

    jokke 02b.jpgLaurent et moi, avons eu la chance de nous entretenir à plusieurs reprises avec lui, l'écoutant raconter (en français et en flamand) la vie quotidienne d'avant guerre, la période de l'occupation à Haren ou encore ses anecdotes d'enfant de choeur.

    Il avait travaillé dans les carrières ou on extrayait la "zavelsteen", pierre que l'on retrouve dans des bâtiments emblématiques de Haren comme l'église ou le Castrum. Dans son jardin, il en avait conservées quelques unes auxquelles la nature avait donné de curieuses formes.

    Au fil des années, il avait réuni une quantité impressionnante de documents sur notre village. A l'occasion, il prenait aussi la plume (au sens littéral du terme) et écrivait des articles sur les sujets qui le passionnaient.

    Nous n'avions pas fini nos entretiens, c'est sûr, une partie de Haren disparaît avec lui.

     

     

    Un dernier hommage pourra lui être rendu ce samedi 20 avril à 10 heures en sa très chère Église Sainte-Elisabeth

    Voici deux extraits des entretiens qu'il nous accordé

    Lien permanent Catégories : Rencontre
  • Araméens ?

    ara 2.jpgAraméens. Ce qualificatif ne vous dit peut-être pas grand chose ... et pourtant...

    Haren comporte une petite  communauté de citoyens d’origine araméenne qui se situent presque tous pour la plupart autour de l’Eglise, dans le quartier historique.

    Il  nous a semblé intéressant de voir d’où est originaire cette population assez peu connue de nos concitoyens, bien souvent confondue  avec les Arméniens ou les Turcs.

    A l’origine les Araméens forment des tribus semi-nomades circulant dans le nord de la Mésopotamie, en Syrie et sur la côte de Phénicie. Jamais unifiés ils constituaient des petits royaumes indépendants. On les assimile actuellement aux Assyriens, aux Syriaques ou aux Assyro-Chaldéens.

    Bien que divisés en petits royaumes comme indiqué ci-dessus, ils imposèrent à l’ensemble de la région non pas leur autorité, mais leur langue et leur culture. Leur langue, l’araméen est en concurrence directe avec l’akkadien. Actuellement l’araméen n’est plus parlé que dans certaines régions de Syrie ou de l’Anti-Liban.

    Leur territoire initial est divisé entre plusieurs pays actuellement : Turquie, Syrie, Irak. Leurs communautés se sont développées au fil du temps en Iran, au Liban et en Arménie, en Jordanie, en Israël, en Palestine, à Chypre et en Azerbaïdjan. Leur diaspora a été nombreuse en Russie, Emirats Arabes, Etats-Unis d’Amérique et plus près de nous en France, Suisse, Suède, Allemagne et bien entendu Belgique.

    Une partie d’entre eux est actuellement d’obédience religieuse chrétienne, une autre, arabisée depuis des siècles s’est fondue dans leur environnement.

    Actuellement leur langue n’est plus universelle, mais a formé des dialectes découlant de la langue initiale. Ces différences parfois très importantes sont principalement liées à la région  qu’ils occupaient et à leur intégration ou non à l’Islam. Ils utilisent l’alphabet phénicien un peu modifié.

    La langue resta quand même le dialecte commun de tous les peuples du Proche-Orient et ce jusqu'à l'invasion arabe en 650 ap J.C. Elle a donné son nom à l'alphabet Araméen avec lequel elle était écrite. L'Araméen est aujourd'hui un groupe de langues et dialectes sémitiques de la famille des langues afro-asiatiques.

    Point important qui pourrait en étonner plus d’un : le Christ, donc il y a deux mille ans, ne parlait nullement l’hébreu, mais bien l’araméen.  Les araméens chrétiens se dénomment Surayeh. Leur langue est le Sureth. On estime que Jésus de Nazareth  a prêché en araméen…

    ara 4.jpgEtonnant  donc de se rendre compte que ce sont les seules personnes qui, lorsqu’elles sont chrétiennes,  parlent la langue de leur Dieu quasiment de la même façon qu’il y a deux millénaires. La religion catholique implantée dans notre région,  telle que nous la connaissions il y a quelques décennies utilisait donc de façon assez inappropriée le latin. Seuls les Araméens dissertaient correctement  en la matière.

    Petite précision : les Araméens ne sont pas  Kurdes contrairement à une fausse conception largement répandue malgré tout. En effet les Juifs Kurdes ou du Kurdistan ou de l’ Azerbaïdjan   vivaient en tant que groupes ethniques fermés, parlant des dialectes néo araméens non intelligibles par leurs voisins chrétiens assyriens dont les dialectes étaient pourtant issus de la même langue.

     Actuellement les Araméens modernes s’identifient comme Syriaques, Assyriens, Assyro-Chaldéens, Chaldo-Assyriens , Araméo-Assyro-Chaldeo-Syriaques et  d’ affiliation religieuse.

     Ils sont entre dix et quinze milles à vivre en Belgique, majoritairement originaires de Turquie.

     Les Araméens ont leur église  orthodoxe syriaque qui se situe à Jette.

     Les syriaques sont proches des catholiques : ils croient que Jésus est à la fois homme et Dieu, lisent la même Bible,... Mais ils ne reconnaissent pas l'autorité du pape, remplacé par un patriarche. Les seules représentations autorisées de Dieu sont des icônes. La nouvelle église ne contient donc ni statue ni crucifix. Beaucoup se sont installés dans les communes du nord de Bruxelles. En famille, ils parlent l'araméen moderne, mâtiné d'arabe et d'hébreu. Haren  semble également être une terre d’accueil...

    Clôturons cet article par un « notre père » chanté en araméen. Croyant ou athée, impossible de rester de marbre devant la beauté de ce chant.Et ayons conscience  qu’ils ont beaucoup de choses à nous apporter, à nous apprendre, en espérant que nous pourrons croiser nos chemins…

    D. G.

     

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  • Haren et chicon, witloof with love

    chi 01.jpgA présent, on peut en trouver tout au long de l'année, pourtant, le vrai chicon de pleine terre est un légume d'hiver. Il y a quelques années encore, une grande partie de la population de Haren vivait de sa culture.

    Si on attribue "l'invention" du chicon à un paysan schaerbeekois qui aurait voulut cacher sa récolte de chicorée dans sa cave lors de la période troublée de la révolution de 1830, c'est à Fransciscus Bresiers, jardinier en chef du Jardin Botanique de Bruxelles qu'on devrait la technique de forçage.

    chi 02.jpgAu début, trois communes se partageaient l'essentiel de la production: Schaerbeek, Evere et Haren. Mais, l'urbanisation rapide des deux première et la disparition de leurs terres agricoles ont rapidement fait de Haren l'épicentre de la production des witloof. A tel point qu'une gare (l'actuelle gare de Haren "Linde") était consacrée à l'embarquement de ce précieux légume à destination de toute l'Europe.

    Paul VANDEN BRANDE, fils d'agriculteur, nous explique qu'il y avait quatre terroirs différents à Haren, chacun produisant une qualité de chicon différente (voir l'entretien réalisé par HAREN tv ci-dessous). Ainsi, le plateau du Noendelle produisait des witloof de petite taille aux feuilles serrées, une qualité supérieure prisée par le marché belge. Du côté du Keelbeek, c'étaient des légumes de plus grandes dimensions destinés au marché américain.

     

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    La ferme de la famille VANDEN BRANDEN avant-guerre et maintenant

    La culture du chicon s'est poursuivie jusque dans les années septante. A ce moment, la STIB a exproprié les meilleures terres du Noendelle pour y construire son dépôt. Quelques vieux agriculteurs en perpétuent la culture pour leur consommation personnelle ou celle de leurs proches. Il reste un négociant installé sur le territoire de Haren, mais il s'approvisionne ailleurs, et notamment dans le Hainaut.

     

    L'interview de Paul VANDEN BRANDE réalisé par HAREN tv:

  • Haren visité

    alexia haren.jpgElle n'habite pas Haren et pourtant, elle s'y est intéressée. Elle, c'est Alexia Goryn, une photographe française.

    Sa démarche est peu commune: à l'époque du tout numérique, elle a choisi de fixer notre village sur pellicule avec la technique la plus élémentaire: le sténopé. Il s'agit d'une simple boite munie d'un minucule trou (sans objectif).

    Cette technique nécessitant des temps de pose très long, les personnages sont "gommés" de l'image. Et pourtant elle a voulu associer les harenois à son travail en réalisant de longues interviews auxquels nous avons eu la chance d'assister et qui sont riches en enseignements.

    PICT0688.JPGLe fruit de son travail, qui s'est étalé sur de nombreux mois, sera visible dans une exposition qui se tient du 15 au 22 septembre 2012 au Centre Culturel "De Linde".

    Outre ses photographies, un décor sonore et des interviews d'Harenois complètent cette exposition. Une "table" permet aussi de découvrir des images d'archive.

    Un autre regard sur Haren, mais aussi une rencontre que je ne suis pas prêt d'oublier!

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  • Bientôt un livre sur Haren

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    Alexia Goryn n'habite pas Haren, et pourtant elle s'y intéresse de près. Photographe, elle a réalisé unestenope.jpg série de photos du village: "J'ai travaillé avec un sténopé (appareil photo sans objectif), une ancienne technique photographique qui m'a permis de réaliser des images proches du rendu des premières photographies. Je ne me doutais pas alors de la relation entre ce travail et l'absence de documents historiques  concernant Haren."

    Le sténopé d'Alexia Goryn

    Le Comité des Habitants de Haren lui a alors proposé de présenter son travail aux habitants.

    "J'ai découvert l'envie de la population de rassembler l'histoire de cet ancien village indépendant. L'utilisation de ce type d'imagerie (sténopé) sur des éléments contemporains a suscité une grande curiosité de la part des habitants: quelle époque? quel lieu? Ce qui fait naturellement se se poser la question de l'objectivité dans la photographie."

    Mais Alexia ne se contente pas de réaliser des clichés, elle va aussi à la rencontre des anciens harenois pour leur demander de parler de la vie d'antan. Ce n'est pas toujours facile, car les habitants de souche sont tous flamands, et Alexia ne pratique pas la langue de Vondel (elle est française). Mais cela n'entame pas son enthousiasme.

    "Ma démarche se situe aux frontières du reportage, de l'ethnographie et du roman. Une fois réunis tous les témoignages, j'interviendrai sur la forme que la publication prendra. Ma volonté est de réécrire un texte réunissant tous les autres sous l'identité d'une seule et même personne imaginaire. Comme si un scientifique était venu afin d'établir un rapport sur un village retrouvé pour ne pas perdre la mémoire du lieu."

    Et elle conclut: "Il est important de souligner qu'Haren est une ancienne commune flamande, ce qui est la fierté des Anciens, mais la nouvelle génération est principalement francophone. Ce livre a aussi pour but de rassembler ces deux entités de la Belgique dans leur histoire commune."

    Nous attendons avec impatience la parution de cet ouvrage.