Araméens. Ce qualificatif ne vous dit peut-être pas grand chose ... et pourtant...
Haren comporte une petite communauté de citoyens d’origine araméenne qui se situent presque tous pour la plupart autour de l’Eglise, dans le quartier historique.
Il nous a semblé intéressant de voir d’où est originaire cette population assez peu connue de nos concitoyens, bien souvent confondue avec les Arméniens ou les Turcs.
A l’origine les Araméens forment des tribus semi-nomades circulant dans le nord de la Mésopotamie, en Syrie et sur la côte de Phénicie. Jamais unifiés ils constituaient des petits royaumes indépendants. On les assimile actuellement aux Assyriens, aux Syriaques ou aux Assyro-Chaldéens.
Bien que divisés en petits royaumes comme indiqué ci-dessus, ils imposèrent à l’ensemble de la région non pas leur autorité, mais leur langue et leur culture. Leur langue, l’araméen est en concurrence directe avec l’akkadien. Actuellement l’araméen n’est plus parlé que dans certaines régions de Syrie ou de l’Anti-Liban.
Leur territoire initial est divisé entre plusieurs pays actuellement : Turquie, Syrie, Irak. Leurs communautés se sont développées au fil du temps en Iran, au Liban et en Arménie, en Jordanie, en Israël, en Palestine, à Chypre et en Azerbaïdjan. Leur diaspora a été nombreuse en Russie, Emirats Arabes, Etats-Unis d’Amérique et plus près de nous en France, Suisse, Suède, Allemagne et bien entendu Belgique.
Une partie d’entre eux est actuellement d’obédience religieuse chrétienne, une autre, arabisée depuis des siècles s’est fondue dans leur environnement.
Actuellement leur langue n’est plus universelle, mais a formé des dialectes découlant de la langue initiale. Ces différences parfois très importantes sont principalement liées à la région qu’ils occupaient et à leur intégration ou non à l’Islam. Ils utilisent l’alphabet phénicien un peu modifié.
La langue resta quand même le dialecte commun de tous les peuples du Proche-Orient et ce jusqu'à l'invasion arabe en 650 ap J.C. Elle a donné son nom à l'alphabet Araméen avec lequel elle était écrite. L'Araméen est aujourd'hui un groupe de langues et dialectes sémitiques de la famille des langues afro-asiatiques.
Point important qui pourrait en étonner plus d’un : le Christ, donc il y a deux mille ans, ne parlait nullement l’hébreu, mais bien l’araméen. Les araméens chrétiens se dénomment Surayeh. Leur langue est le Sureth. On estime que Jésus de Nazareth a prêché en araméen…
Etonnant donc de se rendre compte que ce sont les seules personnes qui, lorsqu’elles sont chrétiennes, parlent la langue de leur Dieu quasiment de la même façon qu’il y a deux millénaires. La religion catholique implantée dans notre région, telle que nous la connaissions il y a quelques décennies utilisait donc de façon assez inappropriée le latin. Seuls les Araméens dissertaient correctement en la matière.
Petite précision : les Araméens ne sont pas Kurdes contrairement à une fausse conception largement répandue malgré tout. En effet les Juifs Kurdes ou du Kurdistan ou de l’ Azerbaïdjan vivaient en tant que groupes ethniques fermés, parlant des dialectes néo araméens non intelligibles par leurs voisins chrétiens assyriens dont les dialectes étaient pourtant issus de la même langue.
Actuellement les Araméens modernes s’identifient comme Syriaques, Assyriens, Assyro-Chaldéens, Chaldo-Assyriens , Araméo-Assyro-Chaldeo-Syriaques et d’ affiliation religieuse.
Ils sont entre dix et quinze milles à vivre en Belgique, majoritairement originaires de Turquie.
Les Araméens ont leur église orthodoxe syriaque qui se situe à Jette.
Les syriaques sont proches des catholiques : ils croient que Jésus est à la fois homme et Dieu, lisent la même Bible,... Mais ils ne reconnaissent pas l'autorité du pape, remplacé par un patriarche. Les seules représentations autorisées de Dieu sont des icônes. La nouvelle église ne contient donc ni statue ni crucifix. Beaucoup se sont installés dans les communes du nord de Bruxelles. En famille, ils parlent l'araméen moderne, mâtiné d'arabe et d'hébreu. Haren semble également être une terre d’accueil...
Clôturons cet article par un « notre père » chanté en araméen. Croyant ou athée, impossible de rester de marbre devant la beauté de ce chant.Et ayons conscience qu’ils ont beaucoup de choses à nous apporter, à nous apprendre, en espérant que nous pourrons croiser nos chemins…
D. G.