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A peine débutée, l'enquête publique concernant la future prison suscite déjà des réactions. En cause, entre autre, la période choisie pour la réaliser.
Voici un courrier adressé à tous les ministres bruxellois ainsi qu'à l'ensemble des élus de Bruxelles-Ville:
Mesdames, Messieurs,
En vous écrivant à nouveau j'ai l'impression de me répéter. Est-ce moi qui radote ou bien ce projet qui nous accable refait les mêmes erreurs ?
Il ne nous semble pas acceptable que cette enquête publique soit (à nouveau) organisée pendant les congés scolaires. Vous rendez-vous bien compte de l'importance du projet pour l'avenir de Haren ?
Cette enquête publique doit permettre au public de prendre connaissance du projet et de s'exprimer à son propos. Les 2 semaines qui suivent nous allons pouvoir nous occuper de nos enfants et il restera bien peu ou pas de temps pour consulter le dossier ou partager l'info avec nos voisins. Sans compter ces congés scolaires, nous comptons également 2 jours fériés inclus dans ce petit mois de consultation.
Que de temps perdu pour les personnes directement concernées par ce projet alors que ce projet s'étale sur tant d'années. Est-il vraiment indispensable qu'une fois encore ce scénario se reproduit ?
Nous vous remercions pour l'organisation des journées et soirées d'informations mais ici encore, pourquoi organiser cela pendant les vacances ? Il n'y a qu'une occasion aujourd'hui pour comprendre vraiment ce qui risque de bouleverser irréversiblement l'équilibre du village de Haren.
Il n'est pas acceptable que chaque famille ayant prévu des congés la deuxième semaine de Pâques se trouve ainsi pénalisée.
Par respect pour les Harenois et la démocratie, nous vous demandons de retarder cette enquête de 2 semaines.
Encore une fois, essayons de donner une chance à la démocratie dans ce projet malheureux et difficile,
Bien à vous,
En vous remerciant pour le bon suivi de notre requête, veuillez agréer nos meilleures salutations,
Lors du Conseil Communal de ce 30 mars, la conseillère de l'opposition Marie Nagy (Ecolo) a demandé au collège de clarifier sa position en ce qui concerne le projet de Mega prison.
La réponse est venue de l'échevin de l'urbanisme, Geoffroy Coomans de Brachène et du premier échevin Alain Courtois (tous deu MR). Si le collège émet des réticences, il ne montre pas de franche opposition. Tout au plus disent-ils qu'en cas de venue de la prison, la Ville adaptera le plan de circulation afin que l'accès à l'établissement se fasse sans incidence pour le centre de Haren.
Il faudra qu'ils fassent preuve de talents hors du commun pour augmenter la capacité de la chaussée de Haecht déjà bien saturée au heures de pointe!
Mais la nouvelle la plus surprenante apprise de la bouche même de l'échevin de l'urbanisme, est que l'enquête publique concernant la prison qui devait avoir lieu du 3 avril au 2 mai (encore une période de congés!) avec une Commission de Concertation prévue le 13 mai risquait d'être retardée. En cause: la Région n'a pas transmis à temps à la Ville l'ensemble des documents nécessaire à l'ouverture de la procédure!!!
Dix organisations ont exprimé leur opposition au projet de prison à Haren au cours d'une conférence de presse qui se tenait ce 26 mars au sein même du Palais de Justice. Voici leur communiqué:
« Le fait d'augmenter la capacité carcérale n'est pas susceptible, en soi, de résoudre durablement le problème de la surpopulation. En effet, il a été observé dans de nombreux pays – y compris en Belgique – que la population carcérale a tendance à augmenter au fur et à mesure que la capacité carcérale s'accroît. »[1].
Cette affirmation étayée par les expériences belges et étrangères sonne étrangement au regard de la politique pénitentiaire de nos gouvernements fédéraux successifs. Ceux-ci mettent en œuvre des « masterplans prisons » prévoyant au total 9 nouveaux établissements pénitentiaires, dont certains ont déjà vu le jour.
Parmi ces projets, celui de Haren visant à développer le plus grand complexe pénitentiaire du pays (1.190 détenus sur 18 ha). Présenté comme un « village pénitentiaire » au Nord-Est de la Région bruxelloise, il vise à accueillir des détenus hommes et femmes et à remplacer les prisons de Saint-Gilles, Forest et Berkendael.
Ce projet ne peut pas répondre aux problèmes qu'il est censé résoudre et en pose même de nouveaux. C'est ce que 10 associations réunies à l'initiative de la « Plate-forme pour sortir du désastre carcéral » ont voulu démontrer lors de la conférence de presse tenue ce matin au Palais de Justice. La plate-forme présentait par la même occasion sa « déclaration » exigeant l'arrêt immédiat du projet de mégaprison à Haren.
Les 10 associations ont avancé des raisons nombreuses et complémentaires qui invalident le projet de mégaprison.
Pour Laurent Moulin du Comité de Haren : « Depuis que nous entendons parler du projet de mégaprison, nous n'avons cessé d'interpeller les élus et n'avons jamais reçu de réponses claires à nos questions. Nous voulons maintenir le caractère semi-rural de Haren, et la mégaprison rend cela impossible. Nous accueillons déjà de nombreuses infrastructures (OTAN, Ring, SNCB, Infrabel, aéroport...) qui enclavent de plus en plus un territoire que le nouveau schéma directeur de la Ville de Bruxelles vise précisément à désenclaver. Nous voulons préserver des espaces publics verts indispensables à l'émancipation des habitants. Nos élus n'ont jamais motivé la pertinence du choix de ce terrain au regard d'un fonctionnement serein de la justice ou de sa bonne intégration environnementale ».
En effet, selon Claire Scohier d'Inter-Environnement Bruxelles, ce projet pose maintes questions en terme d'aménagement du territoire : "Un projet de prison, surtout s'il s'agit de la plus grande prison du pays, ne peut être pensé que de son intérieur comme un bloc refermé sur lui-même, posé au milieu d'un champ. Comment va-t-il cohabiter avec son environnement? Va-t-il constituer une barrière supplémentaire pour les riverains obligés de faire plusieurs kilomètres pour contourner sa masse? Quelle est son accessibilité tant pour les magistrats, les avocats, les familles des détenus et autres visiteurs? Pourquoi ne pas plutôt rénover la prison de Saint-Gilles bien plus centrale? La Régie des bâtiments vise-t-elle l'amélioration des conditions de détention ou la plus-value immobilière en revendant cher le terrain du haut de Saint-Gilles contre le terrain peu coûteux de Haren ?".
Alexis Deswaef, Président de la Ligue des Droits de l'Homme, souligne le large déficit démocratique qui entoure le projet : « Le débat parlementaire relatif aux Masterplans prisons successifs souffre de graves lacunes démocratiques. Le manque de données objectives et chiffrées, notamment en ce qui concerne les coûts de l'infrastructure pénitentiaire et le recours au partenariat public-privé, a été pointé par la Cour des comptes. Pendant tout le processus d'élaboration du projet, aucun des acteurs concernés par le projet, magistrats, avocats, services d'aide aux détenus, n'ont été consultés pour un projet dont le gigantisme pose maintes questions dont celle de la qualité de la détention».
Rappelant le problème déjà ancien de la surpopulation carcérale et de ses effets catastrophiques sur l'ensemble de la vie carcérale, Nicolas Cohen, Vice-Président de l'Observatoire International des Prisons - section belge, a expliqué qu'il n'est pas possible de poursuivre une politique qui a amplement montré son inefficacité : « La politique pénale et pénitentiaire expansionniste est contre-productive et problématique. Nous demandons une approche intégrée qui sollicite tous les acteurs concernés et se tourne résolument vers une politique réductionniste. Nous demandons le gel de tout nouveau projet de prison tant qu'une telle politique n'aura pas été mise en place pour éviter la fuite en avant à laquelle on assiste depuis plusieurs années».
Alors qu'il repose sur des fondations extrêmement fragiles, ce projet poserait en outre de très nombreux problèmes pratiques dont certains sont rédhibitoires. Hervé Louveaux de l'Association Syndicale des Magistrats, insiste : « Le projet prévoit par exemple la possibilité de tenir des audiences en prison. Il sera impossible de rassembler toutes les personnes dont la présence est requise et de disposer des équipements nécessaires, adaptés à l'organisation des audiences. Un juge d'instruction, par exemple, devrait consacrer plusieurs heures pour être présent à l'audience, compte tenu des déplacements, parfois pour un seul dossier. C'est impraticable, et cela implique des restrictions inacceptables portées aux droits des inculpés. »
Outre ses multiples effets pervers, le projet entraînera la destruction irrémédiable de 18 ha de terre potentiellement arable : « La part des terres arables en Région de Bruxelles-Capitale est réduite, et il est essentiel de préserver ces terres du bétonnage, d'autant plus s'il s'agit d'une infrastructure dont l'inutilité est démontrée. Ces terres, ou au moins une majeure partie de celles-ci, pourraient jouer leur rôle de services naturels (absorption de l'eau, régulation thermique, ...) tout en permettant l'accès à une alimentation locale et de qualité. Un défi de taille à relever, au vu de la dépendance des villes vis-à-vis de leurs périphéries immédiates et lointaines pour se nourrir. Bétonner 19 ha de terres potentiellement arables est un gaspillage irresponsable » relève Florence Kroff de l'organisation FIAN Belgique.
La « Plate-forme pour sortir du désastre carcéral » adresse sa déclaration à l'ensemble du monde politique Belge et sollicite des rendez-vous avec les ministres compétents : Charles Michel, Koen Geens, Jan Jambon, Rudi Vervoort, Céline Frémault et Pascal Smet. La presse sera tenue au courant de l'évolution des revendications et des activités futures de la Plate-forme.
La « Plate-forme pour sortir du désastre carcéral » est composée des fondateurs suivants :
Association Syndicale des Magistrats
Bruxelles Laïque
Comité de Haren
Début des Haricots
Inter-Environnement Bruxelles
Ligue des Droits de l'Homme
Observatoire International des Prisons, section belge
Respire asbl
La « Plate-forme pour sortir du désastre carcéral » est appelée à grandir. La liste des signataires est disponible sur le site Harenunderarrest.be et sera régulièrement mise à jour.
La ministre fédérale de la mobilité a annoncé que 90 % du RER, pardon, du Réseau Suburbain, serait opérationnelle en 2017. Dés décembre 2015, une nouvelle offre devrait voir le jour avec la mise en service du tunnel Schuman-Josaphat qui permettra une liaison directe entre la quartier européen et l'aéroport (via Haren).
Ce qui ressemble un effet d'annonce laisse sceptique. En effet, les spécialistes de la mobilité disent que pour que ce réseau ait un sens, il faut que tous les arrêts concernés soient desservis par quatre trains par heures dans chaque direction. Or, dans le contexte d'économie actuel, la SNCB a dé supprimé des trains, réduisant ainsi la desserte de la ligne 26 à deux trains par heure au lieu de trois précédemment. Difficile de croire que les arrêts comme Haren ou Haren-Sud bénéficieront d'une meilleure offre.
Il y a aussi la question d'un titre de transport unique valable tant sur les train que sur les trams, bus ou métro. A la SNCB on répond que les négociations sont toujours en cours.
Le matériel roulant destiné à ces trains "S" est déjà en service. Il s'agit des automotrices "Désiro" (AM 08). Mais celles-ci tombent en panne en moyenne tous les 8000 km (soit plus d'une fois par mois pour chaque rame). Maladie de jeunesse (prolongée)...
L’emprisonnement de Haren est le résultat d’un processus initié il y a très longtemps. Si pris individuellement, chaque événement ne peut être considéré comme entièrement négatif, la combinaison de l’ensemble contribue à l’incarcération de notre village.
Premier barreau : 1561 percement du canal de Willebroek
Au départ, le creusement du canal était plutôt une bonne chose. En effet, les « zavelsteenen » extraites des carrières de Haren étaient acheminées par voie d’eau, or la Senne était une rivière trop capricieuse pour être navigable toute l’année, le canal apportait une bonne solution à ce problème. Ce n’est que quelques siècles plus tard que le canal aura une conséquence néfaste pour le Village. Au début du XXème siècle, Bruxelles désirait étendre son port et surtout pouvoir se prétendre port de mer. Mais la hauteur des ponts fixes ne permettait pas l’arrivée des cargos. La Ville de Bruxelles a tout simplement annexé en 1921 les communes situées en aval de ces ponts à savoir Laeken, Neder over Heembeek et Haren afin d’y créer un avant-port accessible aux navires de mer. Les harenois, ont ainsi perdu le contrôle de la gestion de leur village, avec toutes les dérives que cela implique.
Deuxième barreau : 1835, arrivée du chemin de fer
Au début, la ligne Bruxelles-Malines (la première du continent) n’était pas très envahissante : elle longeait la Senne relativement loin du centre du village. Mais avec le développement du transport ferroviaire, le problème de la formation des trains et d’un site d’entretien s’est rapidement posé. Ces installations ne pouvant prendre place au centre de la ville, le site de Haren s’est imposé au nord de Bruxelles pour y implanter ce qui est improprement baptisé « Schaerbeek-formation » (95% se trouvant sur le territoire de Haren). Ce site occupe un tiers du territoire du village et le coupe littéralement de la Senne et de Neder over Heembeek. Pour être honnête, cela n’a pas eu que des conséquences négatives : des industries se sont développées dans le bas de Haren, tandis que le haut restait agricole et a largement profité du chemin de fer pour exporter sa production (une gareétait même dévolue). Mais depuis les temps ont changés, et si des indemnités ont été versées à la Ville pour compenser les inconvénients de la construction de la ligne TGV et du viaduc Diabolo, les harenois n’en ont pas vu la couleur. D’autant que l’offre de transport a diminué au fil des années.
Troisième barreau : 1915, installation de l’aérodrome
Début de la première guerre mondiale, l’occupant allemand choisi Haren pour installer une base pour Zeppelin afin de bombarder Paris. A la fin du conflit, la Belgique récupère les installations pour y créer ses aviations militaires et commerciales. La SABENA a donc vu le jour à Haren en 1923 ! Au dire des anciens harenois, cela amenait d’ailleurs un tourisme dominical désireux de voir des aéronefs. L’aérodrome de Haren (et non pas d’Evere !!!) a été exploité jusqu’en 1949, pour être supplanté par Melsbroek puis par Zaventem qui avaient des pistes plus longues, adaptées aux avions modernes. Mais Haren n’en a pas été quitte avec les avions puisque la piste 25 droite, la plus longue et la plus utilisée de Zaventem implique le survol direct à basse altitude du village. Au niveau de l’ancien aérodrome, seule la firme de construction aéronautique SABCA s’est maintenue.
Quatrième barreau : 1967, installation de l’OTAN
Le général De Gaulle ne voulait plus de l’OTAN en France, et Bruxelles s’est proposée… Le site actuel est déjà situé à Haren (et pas à Evere comme l’écrivent des journalistes peu scrupuleux) mais est très excentré par rapport au village. Mais depuis, le rideau de fer est tombé et, qui aurait pu le croire, cela a des conséquences pour Haren (effet papillon ???). En effet, des pays issus de l’ancien bloc de l’est ont rejoint l’alliance atlantique et donc le nombre de représentants et de fonctionnaires a augmenté. L’organisation se trouvait donc à l’étroit dans des bâtiments de toute façon construits à la hâte. De nouveaux bâtiments sont donc construits sur l’ancien site de l’aérodrome (en démolissant au passage le remarquable aérogare art déco « Avia Palace » qu’aucun politicien n’a eu le courage de classer et de préserver) se rapprochant ainsi du centre de notre entité avec même une entrée au coin de la rue Arthur Maes et de la chaussée de Haecht !
Cinquième barreau : 1970, construction du dépôt de la STIB
Ce ne devait être qu’un petit dépôt de bus. Mais pour le construire il a fallu exproprier les meilleures terres agricoles de Haren ! Et puis au fil du temps, ce petit dépôt s’est étendu, encore et encore… a présent c’est aussi un dépôt de tram et il a même une piste d’essai pour le métro (qui pourtant ne devrait jamais venir à Haren !). Un « dégât collatéral » est que les agriculteurs se sont mis à vendre leurs terres, et que le haut de Haren, dont la seule industrie était jusqu’alors la SABCA, a vu se développer les zones d’activité avec même de nouvelles voiries (Bassin Collecteur, Métrologie…) Ceci enclavant un peu plus le village.
Le verrou : 201?, implantation d’une méga prison
Les autorités ont longtemps laissé croire aux citoyens que la future méga-prison s’implanterait sur le site des anciennes usines Wanson. Mais, par hasard, ils ont appris que cela ne représentait qu’une infime partie du projet, et que celui-ci annexerait toute la coulée verte du « Keelbeek », privant ainsi les harenois d’un accès pédestre ‘(et bucolique) au village voisin de Diegem ainsi que d’un parc qu’ils avaient affectueusement baptisé « Teletubbies ». La décision a été prise par des fonctionnaires de l’administration qui a la réputation d’être la plus mal gérée de Belgique, la Régie des Bâtiments, sans même tenir compte de l’opposition à la forme de ce projet émise par les premiers usagers à savoir les magistrats et les avocats
Au Sud : la STIB
A l’Ouest : le canal et Infrabel (Schaerbeek-formation)