Deux rues pour la même personne à Haren ? Pas si sur, car deux personnages célèbres portèrent le nom de Servandoni :
Le premier est Giovanni Niccolò (Jean Nicolas) Geronimo Servandoni, né à Florence le 2 mai 1695 et mort à Paris le 19 janvier 1766, est un peintre, décorateur de théâtre et architecte franco-italien.
Fils d'un père français, cocher de diligence entre Florence et Lyon, et d'une mère italienne, Servandoni commença sa carrière d'artiste à Rome vers 1715, où il fit la connaissance du peintre Giovanni Paolo Panini et apprit le dessin et la perspective auprès du graveur et architecte Giuseppe Ignazio Rossi. C'est à Rome qu'il découvrit également les productions théâtrales spectaculaires et les architectures éphémères élevées à l'occasion de fêtes et de cérémonies, dans lesquelles il devait lui-même exceller.
Il passa quelque temps à Lisbonne comme décorateur de théâtre puis, en 1724, vint s'établir à Paris et fut chargé d'élaborer des décors pour l'Opéra, concevant des machines et des toiles peintes pivotantes. En 1728, il devint le Premier peintre-décorateur et directeur des machines de l'Académie Royale de Musique et conserva cette fonction jusqu'en 1742. Il connut son premier grand succès avec la mise en scène de l'opéra Orion de Louis de Lacoste, dans des décors exotiques évoquant l'ancienne Égypte, et réalisa plus de soixante productions, applaudies par le public et encensées par la critique, notamment Denis Diderot. Pour créer la sensation de l'espace, Servandoni utilisait une technique de perspective plaçant le point de fuite sur un des côtés de la scène, introduite à la cour de Vienne par la famille Bibiena.
En 1729, Servandoni participa avec Panini à la conception des décorations célébrant la naissance du dauphin. En 1731, il fut admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture en tant que peintre de ruines antiques.
En 1729, il avait été chargé de reconstruire la chapelle de la Vierge de l'église Saint-Sulpice à Paris. En 1732, il remporta le concours pour la construction du massif antérieur de cet édifice. Son projet évolua considérablement avec le temps.
Poursuivi pour dettes en 1745, il quitta la France et travailla pour diverses cours européennes, se rendant à Londres en 1749, où il participa à l'élaboration du bâtiment spécialement construit pour la création de Music for the Royal Fireworks de Georg Friedrich Haendel.
Il participa à la reconstruction de Lisbonne, dévastée par le tremblement de terre de 1755. Il se rendit à Vienne en 1760.
En 1752, il donna un projet de place semi-circulaire pour servir d'accompagnement à la façade de Saint-Sulpice. Seul l'immeuble du n° 6 place Saint-Sulpice fut construit sur ce dessin.
Il fut chevalier de l'Ordre de Saint-Jean-de-Latran en 1733 et de l'Ordre du Christ.
Le second, Jean-Nicolas Servandoni, dit D'Hannetaire, est un acteur et directeur de théâtre français né à Grenoble le 3 novembre 1718 et mort à Bruxelles le 1er janvier 1780.
Fils du peintre florentin Jean-Nicolas Servandoni et de Marie-Josèphe Gravier, il est probablement le neveu du célèbre Servandoni auquel on doit notamment la façade de l'église Saint-Sulpice à Paris. D'Hannetaire semble avoir débuté sa carrière d'acteur en Allemagne, vers 1740. Il joue au château d'Arolsen, pour le prince de Waldeck, vers 1743 et se rend à Aix-la-Chapelle en 1744, d'où il arrive à Liège vers la fin de l'année. En novembre il y présente un Divertissement nouveau de chants et de danses pour le prince-évêque Jean-Théodore de Bavière et s'y marie le 17 février 1745 avec la comédienne Marguerite-Antoinette Huet, dite Mlle Danicourt. Le couple arrive à Bruxelles en octobre 1745 et D'Hannetaire prend la direction du Théâtre de la Monnaie, dont il est délogé par Favart quatre mois plus tard. Il est cependant intégré, ainsi que sa femme, dans la troupe du maréchal de Saxe et reprend la direction du théâtre après le départ des troupes françaises, à la fin de l'année 1748.
Il joue ensuite à Toulouse et à Bordeaux, puis débute à la Comédie-Française le 27 avril 1752 dans le rôle d'Orgon de Tartuffe. Mais il préfère revenir à Bruxelles, dans la troupe de Durancy, qui lui confie les rôles « à manteaux » et les rôles de Crispin. En 1755, il reprend la direction de la troupe, délaissée par Durancy, et la conserve jusqu'en 1771, tantôt seul, tantôt en association avec d'autres comédiens.
D'Hannetaire et sa femme eurent huit enfants, dont deux filles qui montèrent également sur les planches
Il acheta en 1759, le domaine Ter Elst à Haeren, qui fut probablement le plus prestigieux des trois châteaux de l’entité. Il le revendit en 1771 au comte vander Noot dont les descendants portèrent le titre de marquis d’Assche.
En 1768, il renonça par-devant notaire au métier d'acteur dans le contexte historique de l'excommunication des acteurs, « en vertu d'un ancien usage de la commédie ». Il continua cependant à jouer à Bruxelles pendant quelques années, puis devint rentier jusqu'à sa mort.
D'Hannetaire est l'auteur des Observations sur l'Art du Comédien, et sur d'autres objets concernant cette Profession en général, qui connaîtront huit éditions, d'abord anonymes, puis sous le nom de D’hannetaire .
A relire:
Toponymie des rues de Haren
Le domaine Ter Elst, dit le château du Marquis d'Assche